La Révolution a été tout le contraire d’un “bloc” comme l’a dit Clémenceau. Elle est au contraire le choc d’aspirations et de valeurs contradictoires qui durant une décennie a provoqué le puissant séisme dont la France ne s’est jamais totalement relevée. Entre le grand moment de la nuit du 4 Août 1789 et de l’abandon des privilèges qui symbolise les réformes sociales, juridiques et fiscales qui étaient urgentes et nécessaires et le misérable assassinat de la Reine Marie-Antoinette le 16 Octobre 1793, quel chaos d’enthousiasme généreux et de bassesse envieuse et revancharde ! L’ivresse de la liberté a engendré en trois ans un monstre totalitaire et sanguinaire, l’apologie de la vertu a laissé place à la plus sordide des corruptions, la chute d’une monarchie enlisée dans ses traditions n’a été compensée que par la naissance d’un Etat plus rationnel où la liberté avait moins de place. En lisant Taine, on se rend compte que si la conquête de la liberté avait surtout été la motivation d’un certain nombre de “Grands”, d’Aristocrates, dont La Fayette est le modèle accompli, les motifs du peuple étaient plus prosaïques, et tenaient davantage à l’appropriation des biens nationaux issus de la confiscation opérée au détriment du clergé et des émigrés, ou encore à la nette amélioration du système fiscal. La liberté contrairement à l’égalité est une valeur de droite, parce que dans le fond, c’est une valeur aristocratique. Elle tire justement la démocratie vers le haut en communiquant cet esprit élitaire à la majorité d’une population. Un esprit indépendant comme Bernanos représente parfaitement cette exigence. « La tyrannie abjecte du Nombre est une infection lente qui n’a jamais provoqué de fièvre. Le Nombre crée une société à son image, une société d’êtres non pas égaux, mais pareils, seulement reconnaissables à leurs empreintes digitales. » Dans “la France contre les robots”, Bernanos a dénoncé avec vigueur cette montée de la dictature douce du conformisme : c’est elle qui s’accomplit pleinement en France sous la présidence actuelle.
Insidieusement par des voies apparemment distinctes, elle est en marche. La première est la plus visible. C’est elle qui de loi en décret restreint la liberté d’expression, la plus fondamentale dans une démocratie digne de ce nom, celle où les aristocrates de la pensée pratiquent “ce pas de côté” dont parle Bérénice Levet. Le conformisme tue la véritable démocratie et la réduit à la trilogie du politiquement correct, de la pensée unique et du terrorisme intellectuel. Peu avant l’élection présidentielle, c’était la loi sur l’extension du délit d’entrave à l’avortement. Puis, sous le mandat actuel, ce fut la loi contre la manipulation de l’information, suivie de celle contre les discours de haine sur internet. La loi “anti-casseurs”, elle s’attaqua davantage à une autre liberté, celle de manifester. La dissolution de Génération identitaires consacra la volonté du gouvernement d’ériger un délit d’opinion. Le tout frappa de manière privilégiée les idées conservatrices, pro-vie, et favorables à la défense d’une identité nationale. Cette évolution, partiellement contenue par le Conseil Constitutionnel, a un sens : elle promeut une distinction idéologique entre le bien et le mal, et consacre des valeurs impératives, absolues, souvent définies dans une novlangue orwellienne. Elles renversent celles qui étaient issues de notre tradition culturelle, comme le “droit fondamental à l’IVG” ou comme l’existence de “genres” à la place des sexes.
La seconde est plus profonde. Elle tient à la rencontre d’un vieux sentiment dominant dans les comportements humains, avec le progrès scientifique et technique. La peur de la violence, de la délinquance, la peur du changement climatique et des catastrophes annoncées, la peur de la mort, par-dessus tout, reçoivent des réponses qui correspondent toutes à un renforcement du contrôle, du traçage des personnes et de leur comportement, facilités par le développement de nouvelles techniques. C’est à la fois rassurant et angoissant, car si la sécurité y paraît renforcée, l’intrusion dans l’intimité, la dissolution de la barrière entre le public et le privé, sont évidemment des atteintes à la “liberté intérieure” dont parle Bernanos. La crise sanitaire a été le plus parfait levier de ce changement radical : ceux qui avaient connu l’ivresse soixante-huitarde du “tout est permis”, se réfugient dans le cocon protecteur du “tout est sous contrôle”. La majorité est soumise et ne s’étonne plus que l’Etat vienne lui recommander une troisième vaccination qui sera limitée à un nombre de marques limité, qu’une société de transports lui propose de pouvoir utiliser des photos contenues dans un smartphone, comme si la sûreté impliquait l’abandon de son pré carré, non seulement au profit d’un Etat qu’on voudrait neutre, mais aussi à celui d’entreprises. Le comble est évidemment atteint sur internet et dans les réseaux sociaux, où de grandes firmes peuvent impunément dicter la manière de penser et ficher les individus de manière à les vendre comme consommateurs à de nombreux fournisseurs.
Enfin, cerise sur le gâteau et paradoxe s’il en est, alors que la soumission et “la servitude volontaire” progressent malgré les discours enthousiastes sur le respect des différences et l’apologie de la diversité, logorrhée moutonnière à la mode, jamais sous la Ve République, le Chef de l’Etat n’a donné un tel relief à ses caprices, à son narcissisme verbeux, à ses obsessions personnelles, à ses pulsions déclamatoires. La repentance à laquelle il soumet les Français jusqu’à privilégier les manifestants anti-français du 16 Octobre plutôt que les victimes françaises du massacre d’Oran est symptomatique. Le passé d’une nation est un trésor collectif qui doit nourrir sa fierté d’être ce qu’elle est. Les historiens peuvent en dire ce qu’il veulent. Un Chef d’Etat n’a pas à réécrire l’Histoire selon son bon plaisir.
5 commentaires
Il faut lire le livre de Dalet et Lhomme pour savoir qui est Macron :
Résumé :
Traître, on savait. A quel point, on ne pouvait pas imaginer. Bien sûr : escroc. Le roi des promesses non tenues. Une habileté démoniaque.
La méthode : la séduction, le double-jeu et la destruction par-derrière. Une personnalité ensorcelante en face à face paraît-il. Il y est très fort. Bien décrite. Ainsi que le mensonge éhonté.
Le moteur : mégalomane maladif, monstrueusement infatué de lui-même.
Tellement mégalo qu’il ne s’est toujours entouré que de plus petits, pas bons. Trop peur d’être dépassé. Mais un complexe profond : le double échec à Normale Sup.
Il a préparé son coup au moins 4 ans avant et a utilisé tout, y compris l’argent public.
Ne sait pas où il va, sauf vers son succès personnel. Aucun vrai projet pour le pays. Que des mots et éléments de langage pour attraper les mouches.
Mais affairiste compulsif. Il a régné avec le souci de ce qu’il pourrait vendre des actifs de la France. Et il en a vendu. Par tous les moyens : corruption, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts. Conditions toujours troubles qui lui vaudront certainement de gros ennuis une fois le mandat présidentiel terminé (il cherchera une immunité européenne).
Ce gars a probablement empoché des centaines de millions à l’étranger. Il est dans le même sac et destin que Sarko et ils se sont fait la courte échelle.
Il a profité sans vergogne de la vacuité abyssale de Hollande. A l’Élysée puis à Bercy il faisait ce qu’il voulait. L’inanité, l’indécision et l’inaction de Pépère l’ont persuadé que le job était à sa portée.
Spécialiste des gros coups fourrés dont la nomination de Dupont Moretti à la Justice. Objectif : déstabiliser le PNF pour sauver Sarko contre son soutien en 2022 et détruire finalement le RPR.
La gestion du covid : au doit mouillé paraît-il. Et toujours en retard d’une décision. On lui doit beaucoup de morts.
Des choses dont les médias ne parlent pas : les enquêtes et poursuites à venir contre le staff du covid. Dont Veran.
Des choses surprenantes dans le bouquin :
La mise en avant d’une personne (trouble), la fameuse mimi Marchand qui jure qu’il n’est pas homo. La preuve : elle connaît très bien le milieu homo donc elle peut le dire… Quand déjà au Touquet il était marginalisé à cause de ça ! Curieux de prendre le temps de prétendre cette contrevérité. Mais les auteurs publient leurs interviews.
Pas un mot sur sa fascination pour la dictature, pourtant révélée dès le début du mandat par des proches.
A peine un mot sur Bilderberg et rien sur Davos et le Great reset. Peut-être la limite à ne pas franchir pour les auteurs.
La conclusion, y compris par Attali : le macronisme, le vide. Le néant.
Macreux.
Moi ce que je constate avec plaisir c’est que la France se droitise, le camp national est aujourd’hui à plus de 30% de suffrages potentiels en 2022 . A ce camp de dynamiter le bloc bourgeois capitaliste centriste pro-Macron des grandes fortunes, du grand patronat, qui vit encore trop bien matériellement pour se soucier du destin de la France et dont il faudra faire les poches un jour ou un autre!
“La liberté contrairement à l’égalité est une valeur de droite, parce que dans le fond, c’est une valeur aristocratique. Elle tire justement la démocratie vers le haut en communiquant cet esprit élitaire à la majorité d’une population.”
Quelle bonne blague.
La liberté, au sens d’un parti de masse comme LR, c’est la liberté de payer moins d’impôts ou de bétonner campagnes bucoliques comme rivages d’une rare beauté ; et c’est donc un truc de beauf.
S’ils voulaient vraiment être libres, ils ne se colleraient pas sur le dos, pour la vie, les chaînes de la concurrence de tous contre tous…
C’est une référence à l’histoire des idées qu’une réduction à de mesquins problèmes actuels ignore visiblement.
Ce qui me sidère c’est qu’il y ait encore un quart des électeurs qui seraient prêts à voter à nouveau pour ce guignol; paresse intellectuelle, victime de la propagande ?
Il serait temps qu’ils se réveillent !