Après un silence de deux semaines, je reprends ce bloc-notes. Nous vivons une époque étrange et confuse qui appelle à une réflexion plus approfondie. Deux événements ont marqué l’actualité. D’abord, selon un scénario prévu de longue date et souhaité sinon mis en oeuvre par M. Macron, il a été réélu face à Marine Le Pen. Ensuite, le Président Poutine semble être tombé dans le piège américain d’une guerre longue et coûteuse en Ukraine. Cette dernière n’a pas été sans effet sur la facilité inattendue de la réélection d’un président peu populaire et dont le bilan est calamiteux. On ne peut qu’être fasciné par la concordance de ces événement et par leur étonnante symétrie. L’élection française n’a pas été politique, mais sociologique : elle a dressé les périphéries contre les centres. L’oligarchie parisienne avec l’aide de ses ramifications provinciales a manipulé l’opinion publique avec maestria. Mais la volonté américaine d’écraser la Russie est également la manifestation d’une stratégie, cette fois de l’oligarchie mondialiste, qui tente d’imposer ses intérêts économiques et politiques à la terre entière. A cette démarche résistent avec plus ou moins de vigueur un certain nombre de pays qui par leurs votes à l’ONU soulignent le clivage qui s’instaure entre les “Occidentaux” et une part grandissante du reste du monde, en Asie, en Afrique, et même en Amérique latine.
Deux mots sont devenus, ces dernières années, les armes sémantiques de la stigmatisation : populisme et complotisme. Le premier consistait de manière étonnante à rendre péjorative la notion de “peuple”, et à déplacer subrepticement la définition de la démocratie, de “gouvernement du peuple” vers “Etat de droit”, étant entendu que le “droit” devait l’emporter sur la volonté populaire. L’exemple le plus criant était celui de la peine capitale : souhaitée par le peuple, elle était proscrite par l’élite des “sachants”, celle qui justement bénéficie de la légitimité intellectuelle. Quant à ceux qui flattent les désirs du peuple, ce sont des populistes. Cette prestidigitation des mots et des hommes aboutit à ce que la “démocratie” que les Occidentaux défendent, selon eux en Ukraine, n’est plus le pouvoir du peuple, mais celui d’une oligarchie qui le détient d’un prétendu savoir dont la majorité est privée. Le président réélu en France n’est pas élu par une majorité des électeurs qui adhèrent à son programme ou le préfèrent à un autre. Non, il bénéficie d’une addition disparate de projets fort différents qui ne sont réunis que par le refus obstiné de l’alternative. On peut préférer un programme plus socialiste ou plus libéral, plus souverainiste ou plus hostile aux frontières. On “n’a pas le droit” de choisir l’extrémisme caricaturé par la majorité des médias à longueur de journée, face à un système qui rassure les retraités et satisfait les nantis. Si la réflexion sur le délabrement de notre économie et l’irresponsabilité de notre politique étrangère devait appeler à plus de réserves, la majorité, bercée par les discours présidentiels, les petits cadeaux de la planche à billets de l’endettement, mais rendue inquiète par les bruits de guerre, n’était certes pas prête à faire le grand saut, et elle ne l’a pas fait.
L’idée que la réélection par trop facile de M. Macron et l’hystérie antirusse ne soient pas le fruit du hasard mais le résultat d’une manipulation orchestrée, et d’une désinformation qui en est l’outil principal, sera évidemment taxée de complotisme. Toutefois, il faut s’entendre sur le sens des mots. Le mot “complot” ne doit pas être utilisé comme un mot-tabou qui disqualifie aussitôt celui qui l’emploie. On peut très bien avoir des doutes sur les hypothèses faisant du virus venu de Wuhan le produit artificiel d’un laboratoire voué à la guerre bactériologique, mais on peut aussi en nourrir sur le parcours tracé à coups d’interdictions bizarres, d’articles-bidon, et de prédictions démenties par les faits sur l’apocalypse sanitaire et le miracle vaccinal, en se disant que l’oligarchie mondiale a été particulièrement réceptive au chant des sirènes de Big Pharma. Le complotisme n’est pas toujours le fruit du délire, mais aussi la réaction du bon sens lorsqu’un faisceau d’indices concordants est réuni. Si les policiers et les juges n’étaient nullement sensibles à l’idée d’une manipulation et de mensonges de la part d’un prévenu, les assassins courraient toujours !
En 2017, face à la menace islamiste et au désordre mondialiste, le populisme avait le vent en poupe : on vantait le Brexit, l’élection de Trump, la montée des patriotes et des conservateurs dans de nombreux Etats d’Europe et du monde. La Russie incarnait assez bien cette orientation. M. Macron n’avait été élu que par un coup d’Etat judiciaire, mais depuis le courant s’est inversé, et à l’exception de la Hongrie, les pays occidentaux ont choisi le “progressisme”, la voie du centre-gauche, de préférence. Biden a remplacé Trump et a relancé la croisade américaine contre la Russie. Le Royaume-Uni dont la majorité est toujours “conservatrice” s’est certes libérée de l’Europe, mais c’est pour mieux se situer dans le sillage de l’Empire anglo-saxon. Les deux événements qui ont permis essentiellement la réélection de Macron, le virus et l’Ukraine appartiennent à une logique, facilitent une stratégie : relever cette évidence n’est pas du complotisme mais de la lucidité. ( à suivre)
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Quelques citations à méditer…
“En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un évènement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi.” Franklin D. Roosevelt Président des Etats-Unis (1933-1945)
“Le monde se divise en trois catégories de gens : un très petit nombre qui fait se produire les événements, un groupe un peu plus important qui veille à leur exécution et les regarde s’accomplir, et enfin une vaste majorité qui ne sait jamais ce qui s’est produit en réalité.” Nicholas Murray Butler Président de la Pilgrim Society, membre de la Carnegie, membre du CFR (Council on Foreign Relations)
“La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre contre les Etats-Unis. Une guerre permanente, économique, une guerre sans morts.”
“Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. Une guerre inconnue, une guerre permanente, sans morts apparemment, et pourtant une guerre à mort.” François Mitterrand Commentaire fait lors d’un entretien privé à la fin de sa vie(cité dans Courrier International du 13 Avril 2000)
La vérité est que, comme le disait si bien le général de Gaulle qui ne se faisait aucune illusion sur nos concitoyens, que ce soit en pleine révolution soixante-huitarde, “les Français sont des veaux. Les veaux sont faits pour être bouffés. Je ne veux pas rester à la tête des veaux. Je me retire!” ou encore en 1967 que “la France…est une nation avachie, qui pense seulement à son confort…faite…pour se coucher”. Dès lors, et quand on croit que la France a encore un rôle à jouer dans le monde, il est des moments dans l’histoire où la démocratie libérale doit être mise sous le boisseau et où un homme providentiel soit se lever pour restaurer l’intérêt national.