Entre Fronde et Révolution, la France s’est imposée comme la première puissance européenne. Cette primauté n’était pas que militaire, elle était aussi culturelle. L’ordre classique reposait sur la raison cartésienne, la distinction des mots et des choses, le fameux “bon sens”, partagé du monde entier. Dans son intervention symbolisée à outrance sur l’aéroport devant l’avion de la République, M.Macron en a appelé au “bon sens” pour rejeter la “confusion”. Toute cette mise en scène et ce discours reposaient sur une surcharge destinée à compenser la triste réalité du régime que nous subissons, et ses béances. Comment vouloir éviter la confusion lorsque celle-ci est le coeur du régime ? En voulant asseoir son pouvoir sur les rescapés parmi ses amis socialistes, assaisonnés de quelques arrivistes forcenés de la prétendue droite, et le tout nappé de progressistes pressés d’en finir avec la France, M. Macron a concocté un brouet insipide qui a dégoûté beaucoup de Français de la politique, et en a conduit d’autres vers des plats plus relevés. Le “ni gauche ni droite”, le “ni NUPES, ni RN se rejoignent du début à la fin pour entretenir les Français dans une confusion mentale qui leur fait croire qu’un gouvernement qui pousse l’endettement et les déficits à leur apogée et pratique la démagogie du “quoi qu’il en coûte” puisse être si peu que ce soit “libéral”.
Le discours du tarmac demeurera un morceau d’anthologie. Manifestement découvert à la lecture comme le prouve un débit inhabituel, il recèle des énormités risibles. Comment en effet affirmer que le désordre français ne doit pas s’ajouter au désordre du monde, quand le monde entier a pu voir, en dépit des vidéos étrangement disparues, le désordre du Stade de France, ces foules malmenées entre grève de métro, billetterie mal gérée et police dépassée, ces supporters venus à Paris pour un match qui aurait dû se dérouler en Russie assaillis et dépouillés par les hordes de nos banlieues, et parfois brutalisés et gazés par une police mal employée ? Quant au désordre du monde, n’est-ce pas avant tout celui de l’Europe ? Cette Europe que voudrait la France, selon l’homme du tarmac, alors que les Français ont majoritairement voté contre en 2005 ? Cette Europe qui serait la paix, alors qu’elle alimente la guerre en Ukraine pour le compte de son suzerain de Washington ? Cette Europe où s’agitent des personnages qui se prennent pour des élus légitimes alors qu’ils sont plus que des apparatchiks minoritaires dans leur propre pays, comme Mme Von der Layen ou M. Michel ? Armer l’Ukraine, la faire rentrer le plus vite possible dans l’Union selon la logique absurde d’une extension politique fondée sur l’apparence idéologique et non sur la compatibilité économique, tarir nos sources d’approvisionnement énergétique proches et bon marché pour leur préférer les produits américains chers et polluants ? Où est le bon sens dans cette agitation désordonnée qui a pour résultat de renforcer la Russie qu’on voulait appauvrir, et de la renvoyer dans un bloc de l’Est qu’on avait réussi à disloquer ? Quelle logique préside à la gesticulation qui fait dire au locataire de l’Elysée qu’il veut la victoire de l’Ukraine et ne veut pas humilier la Russie ? Garant des accords de Minsk, il n’a rien fait pour éviter la guerre !
L’heure des choix serait venue ? Pourquoi maintenant ? Parce que précisément la macronie a du mal à prolonger la confusion qui l’entourait et pouvait conduire des électeurs “de droite”, catholiques en particulier, à voter pour des progressistes qui, faute de se donner les moyens du progrès social se sont réfugiés dans le “progrès sociétal”, c’est-à-dire la décadence, avec la PMA pour toutes et l’accroissement du “droit” d’avorter. Avant son envol, le président a réduit la République à son parti comme si elle n’était pas la chose commune, le bien commun de tous les Français. Les Britanniques qui ont une monarchie symbolisent leur unité au travers de leur monarque, et sont gouvernés par des majorités clairement de gauche ou de droite qui alternent. Jean Bodin disait que la monarchie était la meilleure des républiques. A comparer Elisabeth II et Macron, on trouve un excellent argument en faveur de cette idée, car une république qui n’englobe pas la totalité des citoyens d’un Etat ne l’est pas vraiment. Les électeurs du Rassemblement National étant des patriotes sont à l’évidence des citoyens, les extrémistes de gauche qui se trouvent nombreux dans les rang de Nupes, Mme Obono qui préfère signer “Nique la France” que dire “Vive la France”, par exemple, interrogent sur ce point. Or, le vernis macronien a craqué à la suite de l’appel présidentiel. Rejeter le RN après avoir persécuté les groupes identitaires ne pose pas de problème. Nupes, c’est autre chose puisque les amis socialistes y sont. La confusion des propos, les uns repoussant les extrêmes, les autres l’extrême-droite seulement en jugeant l’extrême-gauche à la tête du client, est plaisamment à l’opposé du discours présidentiel. Mais cette confusion est un aveu, celui du camouflage, de l’imposture du pouvoir actuel qui est en train de se dévoiler.
Dérive économique de la planche à billets qui crée en partie la hausse des prix, insécurité grandissante, scission culturelle du peuple français en raison d’une immigration folle, effondrement du poids militaire et diplomatique de la France, volonté sourde de la dissoudre dans l’Europe technocratique et le prétendu “ordre mondial” : telles sont les réalités qui devraient interdire à tout citoyen attaché à la France, et a fortiori à tout Français “de droite” de soutenir la macronie.