Donald Trump, ou le retour du Phoenix.

Avec la réélection de Donald Trump, l’aigle qui symbolise les États-Unis a pris la forme d’un phoenix. D’abord, c’est la résurrection d’un homme politique dans un pays où la défaite est le plus souvent sans recours, puisque le fait n’avait eu qu’un seul précédent. Ensuite, c’est la possibilité de tenir la promesse d’un slogan qui a marqué toute sa vie politique : faire renaître l’Amérique à la grandeur. Il s’agit d’un événement prodigieux, là aussi inhabituel dans un pays où les alternances régulières s’effectuent dans le cadre d’une grande continuité, notamment en raison de l’équilibre entre l’exécutif présidentiel et le législatif du Congrès, souvent en opposition, l’un étant républicain et l’autre démocrate. Donald Trump a remporté une victoire totale, avec 312 grands électeurs, la majorité du Sénat et de la Chambre des Représentants acquise aux Républicains, et contrairement à son premier succès de 2016, une large majorité des électeurs. Si on ajoute à cela que les gouverneurs des Etats républicains sont plus nombreux que les démocrates et que la Cour suprême est très majoritairement conservatrice, on se trouve en présence d’une situation inédite où un homme qui tranche avec la plupart des politiciens américains par son style et ses idées, détient au moins pendant deux ans un pouvoir sans égal. On doit tirer de ce fait considérable plusieurs conséquences.

D’abord, c’est la victoire du populisme, c’est-à-dire de la seule démocratie véritable. L’Amérique profonde a vaincu l’Etat profond, le peuple a terrassé l’oligarchie, la démocratie réelle de la volonté populaire a écarté l’idéologie de l’Etat de droit qui prétend imposer à travers ses règles une pensée unique à laquelle les électeurs ne pourraient moralement que consentir. Trump persécuté par la presse américaine et mondiale pratiquement unanime, soumis à une désinformation continue qui le présentait comme un agité irresponsable, passant d’une lubie à un caprice, a laissé un excellent bilan économique durant son premier mandat et contrairement à ses prédécesseur et successeur, il a dirigé son pays vers la paix plutôt que vers la guerre. L’invasion du Capitole par ses militants, son refus de reconnaître sa défaite, et ses procès divers, avec une première condamnation, en pleine campagne présidentielle, dans l’affaire Stormy Daniels, du nom d’une actrice de films X dont il avait acheté le silence, auraient dû ternir son image de façon irréparable. Ce fut l’inverse. L’acharnement à son encontre, et sa résistance auréolée par la bravoure avec laquelle il a affronté un attentat que la sécurité fédérale n’aurait jamais dû permettre, ont mobilisé ses partisans. L’étonnant recul des voix démocrates entre 2020, où la participation avait dépassé tous les records, et 2024 fournit d’ailleurs un argument à ceux qui avaient suspecté une tricherie dans la victoire de Biden. Ce dernier avait réuni 81 millions de voix contre 73 pour sa remplaçante : où sont passés 7 millions d’électeurs démocrates, malgré une presse toujours aussi favorable à la candidate démocrate, et hostile au milliardaire sexiste, raciste, et immoral ?

En second lieu, cette victoire, inattendue par sa netteté, correspond à une évolution politique qui mêle la sociologie et l’idéologie, aux Etats-Unis, certes, mais pas seulement en raison des similitudes que l’on peut relever, notamment en Europe. On aura pu remarquer une étonnante ressemblance de la carte du vote américain avec celle des élections européennes françaises. Districts, ou cantons, une seule couleur s’impose d’abord, le rouge républicain d’un côté, le bleu foncé du Rassemblement National, de l’autre, puis au fur et à mesure que l’on agrandit le format de  la carte, le bleu forme des taches en Amérique, le rouge et le rose en France : il s’agit des conurbations les plus importantes. C’est vrai comme d’habitude sur les côtes du Pacifique et sur celles du nord-est atlantique mais ça l’est aussi au Texas autour de Dallas ou d’Austin. Dans la capitale américaine, les démocrates font 90% des voix. Même chose en France où les grandes villes, à l’exception de Nice votent à gauche, tandis que les villes de second rang plébiscitent le RN. Cette fracture n’est pas géographique. Elle traduit une opposition entre deux peuples difficilement réconciliables. A droite, on trouve le peuple qui veut encore former une nation, celui des ouvriers, des employés, des paysans, des classes moyennes qui constituent cette majorité silencieuse qui passe sous les radars des sondeurs et en face, le parti de l’étranger, des minorités ethniques, religieuses ou sexuelles, celui des immigrés venus chercher l’Eldorado, et celui des branchés mondialistes pour lesquels la patrie a perdu tout sens et compte moins que les avancées sociétales, cette décadence qui veut se faire passer pour du progrès. Si l’on prend la mesure du temps, cette évolution se traduit par un étonnant glissement régional où le Sud démocrate est devenu républicain et où le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais devient le fief du RN.

Enfin, il y a dans cette victoire une alliance imprévue et salutaire entre le conservatisme sociétal, le libéralisme économique et le progrès scientifique et technique. Deux hommes l’incarnent, deux milliardaires rompus à la vie des entreprises, Donald Trump et Elon Musk. Tous deux ont eu une vie familiale tumultueuse, mais avec la volonté de réunir autour d’eux une nombreuse famille, et de la protéger. Leur attachement à lutter contre la dénatalité que Musk considère avec bon sens comme un grand risque pour la civilisation les fait s’opposer à ce que Benoit XVI appelait la culture de mort, cet ensemble d’obsessions que l’on trouve en tête des exigences du wokisme, le féminisme, la guerre  des genres, la repentance “blanche”, et qui veut sourdement faire d’une nation une foule d’individus à la fois narcissiques et dégoutés de tout sauf d’eux-mêmes. Les gains en suffrages de Trump dans l’électorat masculin, noir et latino, et dans la bourgeoisie urbaine montrent un réveil, un vrai celui-là, celui du bon sens face au péril du déclin. Puisse cet élan d’une révolution conservatrice traverser l’Atlantique !

Demain, il faut souhaiter que Trump rende enfin l’Europe libre en la mettant en face de ses responsabilités. La guerre avec la Russie sur le dos de l’Ukraine doit être arrêtée pour que l’économie européenne retrouve ses sources proches d’énergie et de matières premières, un de ses débouchés, aussi. Il faut que les Européens se libèrent de l’idéologie verte qui les a conduits dans l’impasse d’un développement dit durable qui est en fait la voie du sous-développement, avec le mirage coûteux et contre-productif de l’énergie renouvelable et du moteur électrique, avec l’abandon du nucléaire. L’Europe, la France sont devenues les imitatrices serviles des Etats-Unis. L’arrivée de Trump au pouvoir leur offre peut-être l’opportunité d’une imitation inverse, celle de l’indépendance, et de la volonté d’une puissance bâtie sur la priorité des intérêts propres aux nations, fussent-elles conduites à s’allier sans se fédérer.

 

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Un commentaire

  1. Excellente analyse que l’on ne verra pas dans les médias mainstream bien sûr. Ils font aujourd’hui semblant de ne pas comprendre ce qui leur arrive. Ils continuent dans leur aveuglement volontaire en diabolisant Trump. Mais ils vont voir les résultats positifs de la politique de Trump qui est un (le?) sauveur du monde occidental.

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