Cette journée de rentrée parlementaire pouvait tourner au western. Elle se contente d’être un vaudeville dans la tradition française. Le Président Copé a joué son rôle de gardien de la cohésion majoritaire en instaurant une thérapie de groupe qui a eu tendance à opposer quelques discours légitimistes vite couverts par un bruit de fond, à de bons moments de lucidité que l’on a du à Jean-Louis Christ (l’humiliation alsacienne et l’ouverture), à Bernard Debré (la palinodie de l’ADN), à Jacques Myard (exposition du Président de la République), à Pierre Lang (le brouillage des thèmes essentiels du travail et de la sécurité) et à bien d’autres.
J’en tire pour ma part une triple satisfaction, puisque trois de mes propositions ont été avancées comme des solutions aux problèmes d’aujourd’hui alors qu’elles sont assez anciennes.
- D’abord, il est clair que la taxe carbone que j’avais véhémentement critiquée dès le mois de septembre devant le Président de la République va disparaître en attendant que les européens, et pourquoi pas les chinois…, nous rejoignent, ce qui n’est pas près d’arriver. Madame Jouanno s’en dit “désespérée”. Elle devrait tirer les conclusions de cette sage évolution, qui va satisfaire beaucoup de nos entreprises, beaucoup de consommateurs en peine de pouvoir d’achat, et qui va contribuer à protéger l’emploi.
- Ensuite, la nécessité d’en finir avec les questions d’identité et de burqa, a conduit le Premier ministre à évoquer la nécessité d’une loi le plus rapidement possible. Je rappelle que là aussi j’avais déposé une proposition de loi dès le mois de septembre fondant l’interdiction du voile intégral sur un impératif de sécurité et d’ordre public lié à la présence de la vidéoprotection.
- Enfin, certains ont évoqué la question du mode de scrutin, et le Président Copé a évoqué la nécessité pour les élections territoriales d’un mode de scrutin à deux tours avec le maintien des deux candidats arrivés en tête au premier tour pour le second. Je ne voudrais pas paraître accuser ce cher Président de faire du “copé-collé” systématique, mais j’avais proposé ce mode de scrutin, que j’avais qualifié de “présidentielle à tous les étages”, dès 2002 en vue des régionales de 2004. Il n’est jamais trop tard pour bien faire mais c’est un peu fatigant d’avoir toujours raison trop tôt.
Malgré ces quelques satisfactions, la réaction de la droite à la bérézina de dimanche dernier me paraît hors de proportion. On se contente d’un modeste replâtrage gouvernemental, injuste à l’encontre de Darcos, et qui laisse entendre qu’il y aurait une ouverture au profit des centristes, des villepinistes, et des chiraquiens, comme si ces qualificatifs internes au sérail de l’UMP avaient joué le moindre rôle dans le vote des électeurs et possédaient la moindre signification dans leur esprit.
Les vrais problèmes se résument en deux mots : le premier, c’est le mépris. Le second, c’est l’implosion.
En effet, l’échec de dimanche, c’est le reflux du peuple de droite, celui qui s’était reconnu en Nicolas Sarkozy lors des élections de 2007, et qui avait retrouvé à la fois le chemin des urnes et celui de l’UMP au travers des valeurs conservatrices du travail et de la sécurité. Celui-ci a eu l’impression d’être trahi, par une ouverture à jet continu, par les discours écologiques et libertaires, par l’absence de résultats suffisants ou par le doute sur la vérité de ceux-ci.
Au cœur de notre électorat se situent tous ceux qui restent fidèles aux valeurs véhiculées par les communautés naturelles que sont la Famille et la Nation, ce peuple de droite, à la fois conservateur et cependant exigeant en matière de justice sociale, fondée sur le mérite et sur la responsabilité personnelle. Or, la volonté -illusoire- de séduire les électeurs de gauche a conduit à multiplier les objectifs politiques, dans les domaines sociétal et environnemental. Il est clair aujourd’hui que cette confusion a rendu une bonne partie de la politique gouvernementale illisible, a découragé une bonne part de notre électorat, sans attirer ni même perturber les électeurs de gauche.
9 commentaires
Pour moi ce ne sont pas ces raisons qui ne sont que de second ordre. Ce qui a scotché la droite dans la même position que les élections régionales de 2004, c’est la crise avec ses conséquences sur la montée du chômage et ses corolaires sociaux et sécuritaires. L’opposition n’y a trouvé que du miel pour attaquer l’UMP, le Président et remonter la pente sur laquelle elle avait glissé de par son laxisme sécuritaire.
Les conséquences de la crise, bizarrement vous n’en parlez pas. J’ai l’impression que vous ne voyez que les mouches posées sur la cause nauséabonde des déboires de la majorité, la cause étant la crise, elle est pourtant grosse cette crise.
Cette fameuse taxe carbone, véritable idée puérile émise par certains cerveaux euphorisés aux vapeurs d’alcool, vient d’être heureusemenr abandonnée.
Bref, il devient vieux Cohn-Bendit, lui, qui, en Mai 68 aurait certainement dit :
La taxe carbone ? INTERDIT D’INTERDIRE !
Cher Gérard,
Bien sûr ! Mes commentaires visaient le débat au sein du groupe UMP de l’Assemblée nationale. Ceux-ci ont légitimement exclus les causes qui ne dépendent pas de nous, au premier rang desquelles figure la crise économique. Il se trouve que sur ce plan la réponse du Gouvernement que nous soutenons a été assez efficace, et plus performante que celle de pays qui ne souffrent pas d’un pareil désaveu de la majorité en place. On pourrait également mettre en cause le mode de scrutin ou le fait que les élections locales et intermédiaires sont la plupart du temps favorables à l’opposition. Mais encore une fois, les députés de l’UMP ont préféré mettre l’accent sur les erreurs politiques dont nous sommes directement responsables et que nous pouvons rapidement corriger : l’abandon de la taxe carbone en fait clairement partie.
Monsieur le Député,
Etre chiraquien a une signification dans l’esprit des électeurs de droite. Sans revenir sur les nombreux échecs électoraux du PLUS MAUVAIS PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE L’HISTOIRE DE FRANCE, je rappelle que Jacques Chirac a été l’ami de dictateurs, tel que Saddam Hussein. On sait d’ailleurs qu’il avait refusé de débattre après le 21 avril 2002 avec Jean-Marie Le Pen parce que, c’est très connu, Jacques Chirac “ne débat pas avec l’extrêmisme”.
J’ajoute que Jacques Chirac a été à la tête du mouvement anti-américain au moment de la seconde intervention américaine en Irak. Alors qu’il avait survolé et vu les destructions causées par les attentats du 11 septembre 2001, Jacques Chirac a laissé Monsieur Galouzeau dire, en pleine séance du Conseil de Sécurité de l’ONU, qu’il n’y avait pas “d’armes de destruction massive en Irak”…
On sait aussi que Jacques Chirac a, quasi-forcé, soutenu du bout des lèvres le candidat investi par l’UMP pour l’élection présidentielle de 2007 et non son Premier Ministre, ce qui n’est pas du tout une conception gaullienne du pouvoir Présidentiel…
Je crois que outre l’ouverture insatiable à gauche qui envoyait le message que finalement les idées de gauche sont bonnes et donc pourquoi voter pour l’UMP, les actions du gouvernement contre la crise (qui touche nombre de français) ont été noyées dans un flot de réformes non prioritaires : taxe carbone, réforme du juge d’instruction etc. et en plus mal expliquées, car l’électeur de base a retenu que l’Etat avait fait un cadeau aux banques pour les sortir de la crise et que les riches grâce au bouclier fiscal étaient protégés.
Vous avez raison.
C’est vrai que le FN qui a fait chuter la Droite dans des triangulaires apparait à nouveau pour ce qu’ il est : une création favorisée par la Gauche Mitterandienne de 1981 pour combattre la droite ( à l’ époque majoritaire dans la population) , en tirant à boulets “rouges” sur toute tentative
d’ alliance ….alors qu’ elle n’ a pas hésité, elle , à s’ unir
avec ” fierté” ( dixit Jospin) avec les anciens partisans du goulag .
Mitterrand, ce n’était pas Margaret Tatcher…
C’était Lady Mac Beth !
Monsieur Vanneste, si pour vous la représentativité des citoyens impose que seul l’UMP et le PS soient présents dans les hémicycles locaux voire nationaux, on ne peut qu’être assez perplexe sur la réalité de votre sens démocratique. Je me permets de vous rappeler qu’en 1998, le FN a fait élire des présidents de région de droite, mais que ce sont vos amis politiques qui ont hurlé au loup. Alors arrêtez de vous plaindre, passez des alliances avec le FN si nécessaire (ce que fait le PS avec le Front de Gauche sans se boucher le nez) et vous gagnerez de nouveau les élections. Mais sans doute que le programme de l’UMP est sans doute trop proche de celui de la gauche pour que cela soit possible !
Les électeurs du FN n’ont à vous faire aucun cadeau : l’UMP les traîne dans la boue autant qu’il est possible. Si par hasard, le FN se trouvait complètement exclu des exécutifs locaux, prenez garde que ces électeurs ulcérés ne mettent -pour la première fois sans aucun pour beaucoup d’entre eux-
un bulletin PS dans les urnes.
Respectueusement (d’un électeur qui vous considérait précédemment avec sympathie…)