Ce brave Jean-Pierre Raffarin avait distingué les gens d’en-haut et les gens d’en-bas. Avec mon impardonnable et incurable populisme (pouah ! quelle horreur !), j’avais cru que la droite populaire consistait à faire valoir le point de vue conservateur et de bon sens des gens d’en-bas, contre les dérives des autres. Il faut bien reconnaître avec le temps que chacun a gardé ses positions qui ne sont ni de gauche ni de droite, mais d’en-bas quand on souhaite à la fois une préservation des valeurs traditionnelles et une plus grande justice sociale, et d’en-haut quand on souhaite l’effondrement de ces mêmes valeurs et la protection et le développement de tous les privilèges qui réunissent les bobos, les mondains, la gauche caviar et la droite nouvelle cuisine…
Le cri de joie qui a parcouru les hauteurs à l’annonce de la décision favorable à Roman Polanski est un aveu, celui de notre société de connivence. Le calvaire vécu par les embastillés de l’affaire d’Outreau n’a pas eu droit, lorsqu’il a pris fin, a pareille célébration. Il est vrai que les notables aux yeux d’un petit juge s’étaient révélés des gens d’en-bas. Pour ma part, je ne conteste ni la décision de la justice helvétique, ni celle de la Californie. L’élu d’une démocratie ne doit pas juger le fonctionnement judiciaire d’une autre grande démocratie. Il doit la respecter. Il n’en reste pas moins qu’un crime est un crime, quel que soit son auteur et que, si celui-ci se dérobe à la justice, il est légitime que celle-ci le poursuive. J’observe que Roman Polanski, réalisateur de talent que j’admire par ailleurs, s’est soustrait à la justice américaine, comme Battisti a échappé à la justice italienne avec la complicité du Président Mitterrand. Mais ce n’était qu’un début qui n’a rien de rassurant pour la démocratie, ni pour la France d’en-bas.
Un commentaire
La justice américaine n’est pas toute blanche dans cette affaire.
En effet, dans le cadre de l’examen de la demande d’extradition, l’Office fédéral de la justice (OFJ) avait demandé, le 5 mai 2010, aux autorités américaines de lui faire parvenir, à titre de complément à la demande, le procès-verbal d’une audition du procureur Roger Gunson, alors chargé du dossier, menée le 26 février 2010. Ce document devait permettre de confirmer que le juge avait bien assuré aux représentants des parties, lors d’une séance le 19 septembre 1977, que les 42 jours que Roman Polanski avait passés dans la division psychiatrique d’une prison californienne couvraient la totalité de la peine d’emprisonnement qu’il devait exécuter.
Ces faits étant avérés et Roman Polanski ayant dès lors effectivement exécuté l’intégralité de sa peine, la demande d’extradition des autorités américaines et, a fortiori, la procédure d’extradition sont dénuées de fondement.
Le 13 juin 2010, le Département américain de la justice a refusé de donner suite à la demande de l’OFJ en se fondant sur une ordonnance du tribunal concluant à la confidentialité de ce procès-verbal. Dans ces conditions, la justice suisse ne pouvait exclure avec toute la certitude voulue que Roman Polanski ait déjà exécuté la peine prononcée autrefois à son encontre et que la demande d’extradition souffre d’un vice grave. Vu les incertitudes qui subsistaient quant à l’exposé des faits, la demande d’extradition ne pouvait donc qu’être rejetée.
Voici donc le « cinéaste » blanchit de tout crime…Pourtant, si effectivement M. POLANSKI ne doit pas payer deux fois un crime commis, autrement dit dès lors qu’il a payé sa dette à la Société il n’y a aucune raison de le poursuivre, des questions éthiques et morales demeurent, sans parler de ce soupçon de connivence dont vous parlez fort bien M. VANNESTE.
J’avoue ignorer de combien d’années de prison – il semble que cela soit 50 ans selon certains médias, ce qui expliquerait la « fuite » de M. POLANSKI après le paiement de sa dette à la Société – est puni 1) le détournement de mineur, 2) le viol d’une jeune fille qui plus est mineur, aux USA. Il me semble cependant que cela dépasse largement les 47 jours passés par M. POLANSKI en prison. Fatalement se pose la question : la justice est elle (vraiment) la même pour tous, qu’elle protège ou qu’elle punisse ?
Autre interrogation, qui découle de la première : qu’a donc accepté la victime de POLANSKI en échange d’une peine aussi réduite ? On devrait même plutôt dire la famille de ladite victime ?
Le « juge » qui a enquêté sur cette affaire était procureur. Donc rattaché à l’Exécutif américain. Je ne sais plus le nom du Président américain de l’époque, mais vue que POLANSKI était alors une véritable star aux USA, je vois mal ledit Président rester les bras croisés.