On pouvait se demander si la référence à la famille ne faisait pas partie des délégations ministérielles par hasard ou par oubli. La réponse a été apportée aujourd’hui avec clarté.
Tout d’abord, l’amendement Mariton qui maintenait un avantage fiscal spécifique pour les mariés l’année de leur mariage avait été voté en commission. Il a été aujourd’hui repoussé dans l’hémicycle d’une manière lamentable. Le rapporteur général du budget, Gilles Carrez d’habitude plus terne a défendu avec vigueur le projet gouvernemental en vantant l’évidence et les mérites de l’évolution sociale comme si l’instauration du PACS contre laquelle notre majorité avait votée, l’effondrement du mariage et l’augmentation du nombre des divorces étaient des progrès manifestes. On a senti combien l’économie réalisée enflammait le comptable résolument imperméable à l’idée que la stabilité de la cellule familiale soit infiniment plus importante.
Ensuite, alors que 48 voix, de gauche pour la plupart s’étaient opposées avec succès à 48 voix toutes de droite, le président de séance, Marc Laffineur, zélé godillot, a prétendu que la majorité avait voté l’article 57 au sein duquel s’inscrivait cet amendement. Une simple aptitude arithmétique doublée d’un peu d’honnêteté suffisait cependant à comprendre que les voix de gauche, cette fois hostiles, ajoutées à celles des partisans de l’amendement rejeté, formaient une majorité contre l’article. Autrement dit, l’amendement établissant une distinction fiscale entre le mariage, fondateur de la famille et le PACS ou le divorce a été combattu avec acharnement par le gouvernement et ceux qui lui ont obéi docilement. Afin d’apaiser les esprits, le tout nouveau Ministre des relations avec le Parlement réunissait le groupe des “contestataires” qui avait quitté l’hémicycle en protestant bruyamment, et leur promettait une seconde lecture de l’article 57.
A midi, nous étions à l’Elysée où la question de l’intérêt pour la famille fut posée. Tant le Président de la République que le Premier Ministre, qui désormais a le droit à la parole se sont plu à montrer que leur intérêt allait d’abord à l’économie dans sa version comptable et non à la défense des valeurs familiales. L’avantage fiscal de l’année du mariage n’était qu’une niche à raboter comme les autres.L’après-midi, la seconde lecture, promesse qui n’engageait que ceux à qui elle avait été faite, passait évidemment à la trappe ! Belle leçon du respect pour les parlementaires…
Ces péripéties sont inquiétantes. Elles révèlent par trop combien les valeurs ne sont aujourd’hui invoquées qu’à court terme et non en visant, au-delà des échéances électorales, l’intérêt de la société et de notre pays. Il est loin le temps de l’instauration de la PAJE en 2003. Ce n’est donc pas par hasard que la famille et l’identité nationale ont disparu du paysage gouvernemental !
Addendum : Lorsqu’on lit les noms des votants, on s’aperçoit avec étonnement que le président de séance, Marc Laffineur, qui nous disait regretter de ne pas avoir voté l’amendement parce que le président de séance traditionnellement ne vote pas, a en fait voté contre et se trouve donc être la 48ème voix décisive. La politique a ses tartuffes aussi…