A lire aujourd’hui dans Nord Eclair
article de Jean-François Rebischung
Cela fait 20 ans qu’on en parle : la semaine dernière, la Ville a annoncé l’enterrement du dernier projet de déménagement du commissariat. Pourtant, un courrier de la préfecture laisse entendre dans quelles conditions travaillent les fonctionnaires de la rue de l’Industrie.
C’était le 27 janvier dernier. Ce jour-là, le commissaire Dimpre présentait ses voeux. Invité, le maire lâchait cette phrase : « Le commissariat est indigne du travail qui y est fait. » Michel-François Delannoy poussait même le bouchon jusqu’à comparer le décor à celui de la vieille série télé des années 60, Les cinq dernières minutes. Un feuilleton diffusé jusque dans les années 90, soit à peu près l’époque à laquelle on a commencé à parler du déménagement du commissariat de la rue de l’Industrie. Le dossier est passé entre les mains d’une paire de ministres. En 1993, Charles Pasqua (RPR) faisait savoir que le dossier était retenu ; en 2001, Daniel Vaillant (PS) a dû le voir repasser ; et en 2002, Nicolas Sarkozy (UMP) a eu également à s’en occuper. On a d’abord parlé d’un agrandissement avec les anciens locaux du service culture de la Ville, au 25 rue Desurmont, qui se sont avéré être infestés de mérules. Puis de l’ancienne poste de l’avenue Gustave-Dron, finalement transformée en logements. Et enfin d’une ancienne usine avenue de la Fin de la Guerre, à côté de l’école des douanes. Ce dernier dossier était sur la table en début d’année, comme le révélait Nord éclair en février. Mais c’est terminé. La semaine dernière, en conseil municipal, la majorité a indiqué qu’il était enterré. L’ancienne usine accueillera finalement des logements.
Le préfet dit non
Que s’est-il passé ? Au printemps, le maire Michel-François Delannoy a écrit à la préfecture et le député Christian Vanneste au ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Tous les deux étaient sur la même longueur d’onde. Seulement, début juillet, le maire a reçu un courrier du préfet Dominique Bur. Lequel explique : « J’ai fait réaliser un état des lieux en liaison avec l’administration centrale. Cet examen a fait apparaître que, compte tenu des crédits d’investissement disponibles sur le budget du ministère de l’Intérieur, il n’est malheureusement pas possible d’envisager, à court ou moyen terme, la construction d’un nouvel hôtel de police. » La Ville est restée discrète tout l’été. Mais jeudi dernier, elle a rajouté une délibération au conseil municipal pour permettre à l’entrepreneur Bouygues d’entamer des travaux avenue de la Fin de la Guerre, où devait s’installer le commissariat. La Ville aurait-elle pu garder le terrain en attendant des jours meilleurs ? Le promoteur immobilier a, semble-t-il, insisté, au motif que les investisseurs intéressés par son projet ne pourraient plus bénéficier de la loi Scellier (et ses avantages fiscaux…) après le 1e r janvier 2012.Un scénario mal ficelé
« Il y aura sans doute un plan B, le jour où l’État nous renverra un signe », explique un brin ironique le premier adjoint au maire. Vincent Lannoo regrette la décision du préfet. « Là, c’était l’idéal. » Un avis partagé par le député de la Xe circonscription. « J’ai l’impression d’un feuilleton au scénario mal ficelé », déplore Christian Vanneste. Le 26 août, il avait reçu un courrier de Claude Guéant, laissant entendre que le dossier n’était pas encore bouclé. Le ministre lui promettait en effet de le tenir informé de son évolution. Le parlementaire prévoit d’interpeller à nouveau ce matin Claude Guéant à l’Assemblée. Mais en attendant, le dossier est une fois de plus tombé à l’eau. Même s’il présentait tous les avantages : une bonne situation géographique car proche du boulevard industriel et de l’autoroute ; la possibilité, à travers un bâtiment neuf, de redonner du prestige au commissariat central ; et surtout, des conditions de travail (lire l’encadré) et d’accueil dignes pour les policiers et les citoyens. Le mauvais feuilleton est-il terminé ? La Ville promet de ne pas oublier ses policiers lors de la prochaine actualisation de son plan local d’urbanisme. Sauf qu’au train où vont les choses, il faudra trouver d’autres références que celle de la série Les cinq dernières minutes. Car demain il n’est pas sûr que les nouveaux policiers possèdent chez eux l’intégrale des aventures du commissaire Bourrel en DVD.
Un commentaire
Le 5 mai 1998, Dominique Bur était déjà chargé de surveiller les tentatives d’escroquerie.
http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/noumea.pdf