Le 23 avril dernier, je rappelais que la Real politik continuait à dominer la politique internationale. On fait respecter quelque fois les droits de l’Homme lorsqu’un petit pays semble s’y opposer. On ne se risque pas à une telle aventure lorsqu’une grande puissance les écrase sans vergogne.
Ces différences de poids et de mesures font suffisamment comprendre que les discours sont des apparences et les actions, notamment militaires, demeurent les réalités les plus tangibles de la politique internationale.
Les États-Unis et leurs alliés européens ont dépecé la Yougoslavie en allant bien au-delà de la situation qui prévalait avant la 1ère Guerre mondiale, avant Sarajevo ! La Bosnie n’a jamais constitué une Nation, et le Kossovo encore moins. La mosaïque culturelle qui compose la première était passée de l’empire Ottoman à l’Autriche-Hongrie. Le Kossovo, certes peuplé majoritairement d’albanophones, faisait partie de la Serbie qui le considérait comme son berceau historique. La volonté de reconnaître l’indépendance de cet État-microscopique présentait deux inconvénients majeurs :
Le premier était d’éveiller des véleités d’indépendance dans certaines régions de grands pays européens que l’histoire a modelés, comme l’Espagne qui s’est d’ailleurs toujours opposée à cette orientation.
Le second, et ce n’est pas le moins grave, était de recréer une tension avec la grande puissance slave, la Russie, descendue de son piédestal soviétique, il y a moins de 20 ans, et qui a un besoin évident de dignité, voire de reconquête. La politique obsessionnelle qui a été menée au Kossovo, à l’encontre d’une Serbie pourtant encline à s’intégrer à l’Europe, se révèle aujourd’hui totalement irresponsable. La Russie prend sa revanche en Géorgie. Dans cette République du Caucase, elle revendique et appuie l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. La ressemblance avec le modèle kossovar est évidente et la Russie a les moyens militaires et l’emploi de ceux-ci qui lui est habituel pour atteindre ses objectifs en affirmant voler au secours de ses ressortissants. On frémit en songeant aux références historiques d’une telle justification. Il n’en reste pas moins que la responsabilité des occidentaux est énorme. Tandis que la plupart des chefs d’État et de Gouvernement courraient soutenir leurs équipes sportives à Pékin, en jurant leurs grands dieux qu’ils feraient entendre aux responsables chinois leur exigence quant au respect des droits de l’Homme, ils demeuraient incapables de la moindre réaction efficace devant le réalisme politique des nouveaux tzars.
La morale n’a malheureusement rien à voir là-dedans car elle se résume à n’être que celle de la fable : “le droit du plus fort“. La politique absurde qui a été menée n’est-elle pas de nature à redonner raison à Joseph STALINE, éminent géorgien : “les droits de l’Homme, combien de divisions blindées ?“…