Jacques Lesourne avait, il y a longtemps, considéré que la France était ” une URSS qui aurait réussi’. Avec ses 56 % de dépenses publiques et 1 emploi public sur 4, il est évident que notre pays est socialiste, même lorsque la “Droite” est comme on dit “aux affaires”… Mais, après les discours étatistes de Sarkozy en 2008-2009, et l’arrivée logique de la Gauche au pouvoir, deux constats s’imposent :la France est bien la dernière république soviétique, et comme les autres, elle a échoué. Ses amortisseurs sociaux de moins en moins performants parviennent à cacher partiellement la vérité, mais ils expliquent le chômage et les difficultés de la reprise.
Cette dépendance à l’Etat relève d’une pathologie nationale dont le dernier symptôme apparaît de façon criante dans les réactions à l’annonce du plan de restructuration de PSA. ” L’Etat ne laissera pas faire” déclare Hollande. Il est vrai que l’Etat est déjà intervenu, et trois fois : en 2008-2009, une prime à la casse qui a permis d’acheter des petites cylindrées fabriquées hors de l’hexagone, puis un bonus-malus qui a eu le même résultat, histoire de faire plaisir aux écolos, et enfin un prêt bonifié, remboursé et qui a rapporté 715 millions d’intérêts à l’Etat. Ces mesures conjoncturelles n’ont eu aucun effet à long terme et, cependant, l’Etat, une fois encore veut jouer les Zorro, mi père fouettard, mi père Noël. L’Etat va-t-il interdire les licenciements ? Va-t-il maintenir les sites ? Va-t-il protéger , au-delà des 8000 salariés, les 4500 intérimaires, et les milliers d’emplois induits, notamment chez les sous-traitants ? Va-t-il avoir le même intérêt pour les salariés de Doux que pour ceux de PSA ? Et pour les employés des milliers de PME-PMI actuellement en difficulté ? Jean-François Revel disait avec beaucoup de clairvoyance : ” Ce que les Français détestent, ce ne sont pas les inégalités, ce sont les inégalités autres que celles octroyées par l’Etat.”
L’Etat, au-delà des fonctions régaliennes qu’il assure de plus en plus mal, doit créer les conditions les plus favorables à une activité économique créatrice de richesse et d’emplois. Il peut le faire en favorisant la formation et la recherche, en réalisant les infrastructures nécessaires, et en limitant étroitement le coût fiscal et social de l’activité, afin de favoriser la compétitivité de nos produits et de nos services. Renouant plus que jamais avec les vieux démons qui ne l’ont jamais quittée, la France, désormais officiellement socialiste, va donc faire de l’Etat le Deus ex machina, qui va assurer la fabrication d’automobiles plus séduisantes ou performantes, leur achat par les Français, et par les étrangers, le maintien des sites de production dans notre pays . Quand on entend les critiques à l’encontre de la stratégie de PSA, et que l’on compare celle-ci avec celle de Renault, où l’Etat actionnaire a encore son mot à dire, ses alliances étrangères et ses usines roumaines pour le low-cost, il est permis d’être sceptique.
L’Etat peut et doit intervenir d’une manière exceptionnelle, avec rapidité et vigueur, pour une durée limitée et en visant des objectifs précis. J’avais eu l’occasion de mesurer l’efficacité de l’Etat britannique conservateur dans les opérations de politique de la Ville, baptisées “City Challenge” et menées par des Agences de l’Etat. J’avais félicité Jean-Louis Borloo lors de la création de l’ANRU en croyant naïvement que nous ferions la même chose qu’au Royaume-Uni. Le verdict de la Cour des Comptes vient de tomber : la politique de la ville subit une mauvaise gouvernance, avec ses lenteurs, son mille-feuilles de décideurs locaux, son Etat lointain, vieux Gulliver plus que jamais entravé, mais toujours prêt à se charger de tout pour ne rien faire de bon. Clémenceau disait que ” la France était un pays extrêmement fertile où l’on semait des fonctionnaires et où l’on récoltait des impôts. ” Effectivement, Hollande va semer 60000 fonctionnaires et la moisson de l’été, ce sera 7,2 Milliards d’impôts supplémentaires.
2 commentaires
Comme vous avez raison. L’Etat est bien le mal français et l’interventionnisme du gouvernement dans la marche des entreprises est insupportable.
Je rêve qu’un jour un PDG convoqué par un ministre refuse d’y aller au motif qu’il est trop occupé à gérer son entreprise pour satisfaire ses clients, ses fournisseurs, ses actionnaires et ses salariés. Il pourrait même ajouter que s’il avait moins de prélèvements à payer et de réglementations à respecter, son entreprise se porterait mieux et il trouverait alors surement le temps de bavarder avec lui.